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VIVRE ENSEMBLE AVEC NOS DIFFÉRENCES
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4 novembre 2009

Je ne veux voir dans mes propos ni rancoeur, ni

 Je ne veux voir dans mes propos ni rancoeur, ni

vengeance encore moins de la haine, tout simplement je

voudrais, en toute honnêteté, me tourner vers celles ou

ceux à qui on n'a jamais posé la question: 

 "Vous sentez-vous bien en France?"

Depuis 1965 où je vis sur le sol métropolitain, venant de ma

Martinique natale, je suis attentif au déroulement de ma vie..Pourquoi?

Tout simplement, c'est comme s'il me fallait à tout moment un

thermomètre pour prendre ma température...

Quand on est issue de l'immigration, on a juste le devoir de suivre,

de se formater et d'exécuter sans ronchonner .... On a juste le droit que

l'on s'octroie .... Voilà où se situe le mal français face à ses immigrés!

Je me souviens que durant toute ma scolarité à Ducos, en Martinique,

j'étais sur les traces de Victor Hugo, d'Alphonse Daudet, de Lamartine

pour ne citer qu'eux...  Je me souviens encore de ma géographie de

France, de mon histoire de France depuis Hugues Capet...

Mais surtout, je me souviens encore des valeurs sentimentales,

fraternelles, filiales et patriotiques qui m'ont aidé à appréhender

le monde et les êtres humains. Ces valeurs dans lesquelles je crois

et que j'aime transmettre.

Ces valeurs, qui sont le ciment de toute société, sont incontournables.

Elles nous apprennent le respect, l'amour, l'amitié, la dignité, la justice,

l'honneur....

        

  Où puiser ces valeurs si ce n'est à travers l'éducation ?

        Oui, l'éducation n'est pas faite pour cataloguer selon tel ou tel degré

de capacité, d'assimilation, ni pour faire émerger les élites ...

 d'ailleurs, quoique l'on fasse nous ne serons jamais reconnu

comme des élites...

 Elle doit permettre d'apprendre...apprendre à connaître,

se connaître, échanger, communiquer, respecter pour se respecter

et accepter l'autre. Et pourtant, on dirait que dans ce monde

l'autre n'existe pas.

         Ce n'est certes pas dans la manière où l'immigré a été accueilli

dans les années 60 que les liens ont pu se créer.

         Que s'est-il passé à cette époque ?

        Un afflux d'hommes et de femmes venant d'autres horizons avec

leurs mœurs, leurs odeurs, leurs coutumes, leurs vices, leurs qualités

et leurs défauts, leurs langues et leurs langages.... Certes tout cela sautait

aux yeux et offrait le droit à la critique, au jugement de valeur mais on a

malheureusement oublié leur essentiel : leur origine, leur culture, leur

passé - c'est à dire leur histoire.

         La France, à l'époque, pouvait se montrer généreuse, il y avait

du travail....Ne dit on pas:" la gaieté vient du ventre...".

En pleine extension, pleine croissance, on a entamé une politique de

délocalisation d'immigrés dans certaines villes, bassins d'ouvriers en

construisant des villes nouvelles. Je me souviens de CREIL,

ville nouvelle...« Le domaine des haies »... Trois kilomètres du centre

ville, pas de moyens de locomotion appropriés, absence

d'administration, de structures permettant les échanges et la

convivialité des nouveaux « parqués ». Par contre, il y eut tout

de suite au milieu des HLM un bar- tabac-presse et jeux...

Certes lieu de rencontre mais est-ce vraiment un lieu culturel

où chacun pouvait échanger ?

Quelques temps après, est apparu une grande surface où la plupart

d'entre nous n'accédait qu'à travers champ, faute de moyen de transport.

C'est à ce moment là que se situe la fracture,

le sentiment d'inconsidération voir de mépris. À cette époque, cette

population d'étrangers était encore imprégnée de la France

sentimentalement et patriotiquement.... Ils y ont cru car

on leur demandait d'y croire. Tous nous y avons cru, ainsi est née

notre longue attente...

Cette génération était une génération docile, travailleuse, respectueuse.

Une génération du « merci, bonjour, au revoir, s'il vous plait »,

génération du doudouisme...

Contre tout espoir, elle a élevé, éduqué sa marmaille. Nous étions

coupés de ceux avec qui nous aurions pu échanger pour nous informer

afin de nous adapter. Cette génération était courageuse car on leur avait

demandé d'être courageux en attendant des jours meilleurs.

45 ans après, cette génération n'a pas pu prendre racines. De là où elle

s'implantait, elle rêvait d'un ailleurs...Mais le temps n'attend pas, même

si on dit que le temps sourit aux audacieux...Alors l'illégalité,

l'indifférence, la discrimination l'injustice s'en sont mêlées...

Les rêves se sont dissipés et les espoirs ont tourné au désespoir.

CE QUI ÉTAIT LUTTE HIER

EST DEVENU COMBAT AUJOURD'HUI....

Dans ce combat, il faudra un vainqueur. Quel est le camp du vainqueur ?

quel est le camp des vaincus ? Je ne prendrai pas le risque d'y répondre...

Je ne voudrais pas chercher de fautifs dans mon analyse mais je

préciserai tout de même que la démagogie orchestrée par bon nombre

de gens a produit ses effets...

Dans une démarche dite citoyenne et démocratique nul n'a le

droit de se sentir exclu, que ce soit du fait de l'autre ou de

son propre fait.

Gilbert Jean-Marie-Flore,   Martiniquais -Français

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